YAKA
Pepetela
Traduit du portugais (Angola) par Artur da Costa et Carmelo Virone
Â
"Je suis né en 1890, au pied d'un arbre. Ma mère a été aidée par la vieille Ntumba, une esclave ganguela. L'esclave, peut-être à cause de son grand âge, m'a laissé tomber dans la poussière. Quelques secondes à peine, suffisantes pour que se mêlent dans mon corps la poussière de la terre et les liquides que j'apportais avec moi en sortant de ma mère. Mon père à hurlé qu'il allait tuer la vieille."
À travers la saga d'une famille de colons et l'impossible dialogue d'un colon portugais avec une statue yaka, le romancier angolais Pepetela mêle étroitement destinées individuelles et épopées collectives, en même temps qu'il donne à voir l'envers de notre histoire : celle de l'Europe coloniale.
Son récit est aussi une aventure du langage où se dessine, dans l'échange des cultures, la possibilité d'une écritue qui accorde enfin une place à la parole de l'Autre.
L'auteur:
Pepetela, de son vrai nom Artur Carlos Mauricio Pestana dos Santos, est un écrivain angolais de langue portugaise, né en 1941. Après des études au Portugal, il s’exile à Paris et à Alger. À partir de 1960, il s’engage dans la guerre d’indépendance pour la libération de l’Angola. En 1975, il est nommé vice-ministre de l’Éducation. Professeur de sociologie, Pepetela est aussi un écrivain majeur. Son œuvre abondante (romans, contes, pièces de théâtre), traduite dans une vingtaine de langues, est encore peu connue du public francophone, malgré la place prépondérante qu’il occupe dans la littérature lusophone. Il a été récompensé de nombreux prix et distinctions, et notamment du prix Camões (prix le plus important pour la littérature d’expression portugaise) en 1997 pour l’ensemble de son œuvre.
Pepetela est un grand écrivain blanc d’Angola. Il se distingue par son enracinement, sa connaissance profonde et intime, des cultures de son pays natal. Dans ses livres, il décortique avec humour et truculence, bien que sans éluder une violence certaine, la société angolaise.