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Retour sur « La Question »

Retour sur « La Question »

Parution : 19/05/2006
ISBN : 9782930402277 96 pages
11.5 x 17 cm
8.00 euros

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Henri Alleg
Retour sur « La Question »

2ème édition revue et augmentée

L’usage de la torture en Irak par l’armée américaine et l’exhumation d’une loi de 1955 (qui servit à imposer l’État d’urgence pendant la guerre d’Algérie) pour maintenir l’ordre dans les banlieues françaises montrent que les blessures issues du colonialisme ne sont pas refermées. Dans ce livre, Henri Alleg explique qu’« il n’est pas exclu que surgissent d’autres conflits comme l’Algérie où l’on appelle de jeunes Français à intervenir pour “combattre le terrorisme”, “sauver la démocratie” et “défendre la liberté”, alors que le vrai motif d’intervention sera d’exploiter gisements de pétrole, de gaz, de minerai, de diamants et d’empêcher tel peuple de se libérer. »

La Question est un livre clé de l’histoire de la guerre d’Algérie. Alleg y raconte les tortures qu’il a subies de la main de l’armée française. Il y raconte sa résistance, son refus de céder face à l’inacceptable. Aujourd’hui, plus de quarante ans après les faits, Henri Alleg revient grâce à ce livre sur cette guerre. Il montre comment les différents gouvernements français ont organisé l’amnésie dans la population pour mieux cacher leurs crimes. Comment le colonialisme fut l’école du racisme pour des centaines de milliers de français et comment nous en payons encore le prix. Les scores électoraux de Le Pen ou les discours de Sarkozy ne nous démentiront pas.

Entretien avec Gilles Martin

Tu disais il y a quelques instants que La Question restait dans l’actualité, qu’est ce que tu entendais exactement par là ?**

Il y a une chose qui me frappe au sujet de la vie de ce texte. Il y a quand même près de 50 ans que La Question est apparue. C’est un texte extrêmement court, écrit dans des circonstances un peu particulières ; il n’y a pas de recherche littéraire et ce texte a surtout été, je dirais, un « promu » dans l’opinion par les circonstances. On était en pleine guerre d’Algérie, les gens se posaient des questions sur les raisons de ce conflit et aussi sur la nature, la façon avec laquelle ce dernier était mené, avec déjà une césure de plus en plus profonde entre ceux qui voulaient continuer la guerre et ceux qui disaient que l’on courrait à la catastrophe, à la fois du point de vue politique et militaire. Ce n’étaient pas seulement ceux qui étaient convaincus que l’on ne pouvait pas, au milieu du siècle, après la deuxième guerre mondiale, refaire une guerre coloniale, et que surtout on ne pouvait pas, après la défaite de la France au Vietnam, poursuivre comme si c’était une chose qui entrait dans le cours normal de la lutte contre ceux qui s’appelaient autrefois les rebelles et ceux qui contestaient que la civilisation occidentale française était un bienfait pour les peuples quand les armées des puissances qui les incarnaient débarquaient.

Or, depuis 50 ans, ce texte n’a pas cessé d’être édité. Et aujourd’hui il est reparti avec d’autres données puisqu’il y a eu film. Ce film en question qui a 25 ans maintenant mais qui n’a pas été réellement diffusé,l’est plus ou moins aujourd’hui dans les associations, et est plus ou moins connu. Et, deuxièmement, les questions, sans jeu de mot, rejaillissent en fonction de l’actualité. Or, l’actualité c’est encore avec l’Irak la torture, et avec la Palestine, l’Israël, la question est posée. Et donc, constamment, même par des gens qui sont bien loin de partager les idées anticolonialistes, mais sur le point « moral » la question est posée. Naturellement ça veut pas dire que nous qui réfléchissons à ces problèmes depuis longtemps, on oublie le fond des choses. Et le fond des choses, en vérité c’est pas la torture. La torture est un des aspects de la guerre coloniale, et la guerre coloniale elle-même n’est qu’un moment de crise dans le problème de la libération des peuples soumis à la colonisation. Alors toutes ces questions en vérité en France qui ont été dans la tête de beaucoup de gens ont été étouffées volontairement par le pouvoir pour des raisons multiples, mais la première c’est que les gens qui avaient fait la guerre du Vietnam et ensuite la guerre d’Algérie qui étaient responsables non seulement des centaines de milliers de morts algériens mais aussi des quelque pas tout à fait 30 000 militaires morts sous l’uniforme français. On préférait étouffer, d’autant que ces types-là étaient toujours dans les allées du pouvoir.


Et on est arrivé à ce que dans les écoles on ne parle plus de la guerre d’Algérie, on ne parle pas de la guerre d’Algérie. Il y a des gens qui ont 40 ou 45 ans aujourd’hui qui n’ont jamais entendu parler de la guerre d’Algérie, si ce n’est dans les cours terminaux, un rappel que c’est le général de Gaulle, ce grand colonisateur, qui était parvenu à ramener la paix. Mais il fallait évidemment autre chose et beaucoup de ces jeunes, enfin de ces jeunes par rapport à moi, de ces gens qui ont vécu cette absence d’explication sont constamment interrogés. D’autre part, c’est des problèmes presque psychologiques pour beaucoup d’entre eux. Le fait que le père ou le grand-père, ou l’oncle ont été en Algérie, on sait qu’ils ont été pendant une année ou deux en Algérie, et ils en parlent jamais, et ils fuient toute discussions sur ce thème. Alors il y a des générations, au moins deux générations, qui se demandent toujours pourquoi on leur a rien dit. Il y a une soif formidable de savoir. […]

 
 
 
 
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